Etude de la résistance au parasitisme en Mouton Charollais
Depuis quelques années la pratique du pâturage est de plus en plus tributaire des problèmes de gestion du parasitisme, notamment des strongles gastro-intestinaux :
- D'une part à cause de l'arrivée de résistances, certaines molécules antiparasitaires perdant ainsi en efficacité
- D'autre part en raison du changement climatique qui entraine plus d'épisodes météo extrêmes, des hivers plus doux et des évolutions du calendrier de pâturage.
La sélection d’animaux résistants au parasitisme gastro-intestinal est donc un enjeu fort pour les races ovines. Les races laitières qui se sont rapidement retrouvées dans des impasses au niveau des traitements disponibles se sont emparées du sujet depuis quelques années (Projet Paralut 2018-2022). Ces races ont ainsi mis en place un protocole de mesure des résistances aux strongles gastro-intestinaux, afin de discriminer les béliers dits « sensibles » de ceux dits « résistants » au parasitisme. Ce protocole, mis au point par l’ENVT et l'INRAE consiste à infester expérimentalement à faible dose les béliers en Station de Contrôle Individuel (SCI), puis à faire des analyses sanguines avec mesure du taux d’hématocrite, et des coproscopies pour mesurer l’excrétion dans les fèces. Ces infestations expérimentales ont bien montré qu’il existe de fortes différences suivant les individus, au niveau de leur taux d’excrétion d’œufs de parasites, et au niveau de leur propre résilience aux infestations. Ainsi, il est possible de déterminer des individus phénotypiquement plus « résistants », c’est-à-dire qui excrètent moins d’œufs dans leur environnement ce qui limite la contamination du reste du troupeau. De plus, l’étude de filles des béliers sensibles et résistants, infestées naturellement au pâturage a montré que l’impact de la sélection est très fort puisque les filles des béliers résistants excrètent 2 fois moins d’œufs que les filles des béliers sensibles ! L’héritabilité moyenne et la variabilité intéressante permettent donc d’envisager une sélection génétique sur ce caractère.
En tant que race herbagère, l’OS Mouton Charollais a suivi de près ces premiers résultats et se lance ainsi dans un projet d'étude de la résistance au parasitisme sur 2024-2028. Ce projet bénéficie d'une subvention de la région Bourgogne-Franche-Comté.
Déroulé du projet :
Les deux premières années du projet sont donc des phases de "test", qui nous permettront de nous familiariser avec le protocole et de l'adapter à nos problématiques propres. Il sera par exemple nécessaire d'appréhender la diversité des conduites d'élevage avant l'entrée en CE ou en SCI (conduite bergerie et/ou au pâturage, quels traitements déjà effectués, ..) afin de ne pas mettre de biais dans les résultats du protocole expérimental. L'objectif final étant de tester la résistance au parasitisme en station afin de privilégier les animaux résistants dans nos choix de sélection.